L"HISTORIAL AMANDINOIS
14 rue du Collège à 59230 SAINT-AMAND-LES-EAUX
Michel RICCO ,Président , Françoise RICCO ,secrêtaire et documentaliste.
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Le Musée de l'HISTORIAL est ouvert chaque mardi et jeudi de 14 à 17h, le samedi de 15h à 18h , le troisième dimanche de chaque mois.
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enfant 7 à 12 ans 2 euros, 2 à 16 ans 3 euros, groupe scolaire 1 euro,
groupe à partir de 10 personnes 3 euros par personne
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LECTURE RELIGIEUSE DE L'ARCHITECTURE DE LA TOUR ABBATIALE DE St AMAND-LES-EAUX
PAR GÉRARD DASSONVILLE
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Dans son rapport à la Commission des Monuments Historiques lors de sa séance du 17 avril 1846, Prosper Mérimée, alors inspecteur général des Monuments Historiques, accabla l'édifice le plus cher au cœur des Amandinois en des termes plaisants à rappeler aujourd'hui parce qu'ils ne furent heureusement pas suivis d'effet -ci-contre Prosper MERIMEE.
Que l'on en juge :
"L'édifice bizarre dont on propose la restauration n'appartient à aucun style. [Il n'offre]… aucun intérêt sous le rapport de l'Art…
Il ne peut être question d'accorder une allocation pour cette lourde et grossière façade."
On ne peut qu'être étonné d'un jugement aussi superficiel de la part de l'auteur de la magistrale Histoire de France qu'il nous a laissée, souvent ailleurs mieux inspiré.
La Commission ne suivit pas son rapporteur puisque la Tour abbatiale, appelée initialement "Tour St Etienne" fut déclarée monument historique quelques mois plus tard. Remarquons en passant que si tel n'avait pas été le cas, l'œuvre de démolition de l'abbaye bénédictine interrompue en 1820 se fût poursuivie.
L' ABBÉ DUBOIS
Comme nous allons tenter de le montrer, c'est un véritable programme iconographique et idéologique que l'Abbé Nicolas Dubois (76è abbé de St Amand) reconstructeur de l'abbaye de St Amand au XVIIè siècle, fit inscrire dans la pierre pour l'édification des croyants de son époque, c'est à dire de celle de la Contre-Réforme, et pour celle des générations futures.
Il y a matière pour un historien de la religion catholique à écrire un livre sur le sujet. Malheureusement les publications de qualité sont rares en la matière et bien des sottises sont racontées de nos jours aux touristes..
Nous voulons rendre un hommage particulier à Christian Lassure, professeur agrégé d'histoire à la Sorbonne, d'avoir publié en 1980 une étude remarquable sur le frontispice de la Tour: "Etudes et recherches sur St Amand et sa région".
Il s'est efforcé d'établir ce que furent l'organisation, le sens et la portée du message de Nicolas Dubois.
A ce travail remarquable nous ferons plusieurs fois référence dans l'exposé qui va suivre.
Celui-ci comportera trois parties :
- rappel historique de la Contre-réforme
- l'œuvre de l'abbé - architecte Nicolas Dubois
- les symboles évangéliques et le message religieux.
Réforme On se souvient que sous l'influence de Luther, le fondateur de l'Eglise réformée, et de Calvin1550, un vaste mouvement de restauration de l'Eglise à travers toute l'Europe, qui affirma le rôle de l'Eglise réformée. . La Réforme prit une ampleur considérable que l'on a un peu oubliée aujourd'hui pour ne retenir que les sanglantes guerres de religion, lorsque le combat religieux devint un combat politique à dimension territoriale, dont la reconquête de nos régions par Louis XIV constituera plus tard l'un des derniers témoignages. Des mesures furent prises par l'Eglise catholique contre le protestantisme pour réhabiliter ce qu'il avait contesté. Le Concile de Trente (1542-1563) s'y consacra notamment. Ce fut la Réforme ou Réforme catholique dans laquelle certains historiens fondent non seulement une nouvelle théologie, mais aussi une nouvelle culture.
On a parlé de Rubens qui aurait participé à l'élaboration des plans avec Nicolas Dubois.
L'affaire tient de la légende.
Rubens eut certes des contacts avec l'abbé Dubois qui le chargea de peindre une Annonciation et le Martyre de St Etienne
(exposés au musée de Valenciennes).(source Wilipedia)
Mais la forte personnalité de Nicolas Dubois et son caractère entier n'auraient pas permis une quelconque intervention extérieure dans son projet.
Il n'est aucun auteur qui ne reconnaisse que le seul et véritable architecte et directeur de la construction de l'abbaye de St Amand fut bien l'abbé Dubois.
Celui-ci confia la direction de la maçonnerie à un excellent maître-maçon amandinois : Mathieu Duwez dont l'histoire n'a pas retenu le nom.
L'abbaye tirait à cette époque des revenus considérables de ses très grandes propriétés foncières.
Les abbés de St Amand avaient toute la considération de la Cour de Versailles et la personnalité de Nicolas Dubois fit le reste, d'autant plus que ses démêlés avec l'évêque de Tournai lui donnèrent motif à surpasser sa construction en grandeur et en beauté.
Les fondations et les matériaux employés
Sans qu'on l'ait formellement établi, les constructions, dont la Tour en particulier, reposeraient sur de pieux de chêne enfoncés dans un terrain marécageux et tourbeux surmontant des sables argileux jusqu'à une profondeur d'une vingtaine de mètres sous lesquels se trouve la craie grise du Turonien.
Celle-ci est le siège d'une nappe souterraine captive et artésienne dans les puits qui l'ont captée, dont ceux de l'Etablissement thermal et de la Source du Clos.
La bonne conservation du bois de chêne dans l'eau et à l'abri de l'air était connue depuis l'Antiquité.
Le sous-bassement du rez-de-chaussée de la Tour est en grés appelé grés de l'Artois, que l'on trouve inter-stratifié dans les sables du Landénien sus-jacents à la craie.
Ce grés fut exploité en carrière depuis des temps très anciens. On ne connaît pas leur provenance exacte à St Amand; Mons-en Pévèle peut-être.
C'est un matériau que l'on peut observer dans la maçonnerie en pierre sèche d' anciennes maisons de St Amand, où il fut exploité notamment à la sablière du Mont-des-Bruyères.
Jusqu'au dôme de la Tour, les parties intérieures de la construction sont en moellons de grés et de calcaire de Tournai.
Le liant employé est du mortier dont la chaux et les cendres proviennent sans doute des fours à chaux d'Antoing mentionnés dans les comptes de l'abbaye.
Le revêtement extérieur est en craie blanche provenant des carrières souterraines du Valenciennois et du Cambrésis (pierre d'Avesnes-le-sec). Cette craie est très poreuse et gélive, c'est à dire qu'elle se fissure facilement avec le gel, de sorte qu'elle a subi les effets de l'érosion atmosphérique au cours du temps.
Les galeries aériennes de l'édifice sont en calcaire de Tournai et la base des flèches en grés. Les lanternes sont en craie. Un enduit à la chaux recouvrait l'intérieur de la maçonnerie.
Les solives des planchers et les charpentes sont en chêne.
Les deux tourelles latérales sont construites dans les mêmes matériaux que la tour centrale.
Les travaux de restauration de la Tour faits entre 2004 et 2011 ont remplacé manuellement en pierre de St Maximin nombre des pierres de la construction en mauvais état et les éléments de décoration en craie détériorés, lesquels ont été re-sculptés à l'identique d'après les archives.
Les carrières de St Maximin sont situées dans l'Oise. Elles exploitent un calcaire éocène (Lutétien), plus résistant que la craie à l'érosion, légèrement jaunâtre et très riche en fossiles.
Ce calcaire a servi dans la construction de nombreux édifices parmi lesquels, à Paris, les Thermes de Cluny, le Palais Bourbon, les Invalides, les immeubles de la Place de la Concorde...
Le décor architectural:
Depuis le soubassement, jusqu'à la balustrade du couronnement, les élévations de la face ouest, c'est à dire du côté de la Grand-Place, et les façades nord et sud, constituent ce que l'on appelle le frontispice dont le décor architectural est emprunté au répertoire religieux classique.
Ce dispositif remplit non seulement le rôle de décor, mais piliers et colonnes constituent des supports et des contreforts indispensables au plan archi-tectonique.
De plus, colonnes et emballements (maçonnerie de remplissage) préparent les surfaces murales à l'agencement du programme iconographique.
Sur le décor d'architecture fonctionnelle, les surfaces qu'il délimite vient se plaquer une très riche ornementation.
Des traités d'architecture classique circulaient dans les Pays-Bas espagnols depuis le milieu du XVIè siècle. Mais à l'instar des architectes baroques, l'abbé Dubois n'a pas tenu compte des règles des Anciens quant aux proportions des composantes des ordres, donnant aux colonnes trop peu de hauteur.
Cette superposition des cinq ordres des colonnes ( de bas en haut : toscan, dorique, ionique, corinthien et composite) est inhabituel tant dans les constructions baroques qu'à l'époque de la Renaissance.
Les colonnes correspondent à cinq niveaux qui divisent la façade au moyen d'entablements. L'emploi des ordres classiques ne se limite pas à la seule façade de la Tour, puisque les trois premiers niveaux de la flèche centrale s'ornent à chaque angle, d'un pilastre encadré de deux dosserets relevant des ordres ionique, corinthien et composite de bas en haut. De même se trouvent des pilastres ioniques aux tambours des dômes latéraux. Les principaux motifs ornementaux de la surface du frontispice sont les suivants : -sur les pilastres du soubassement, un appareillage de bossages dont un sur deux à chanfrein; -sur les colonnes, . au premier étage, des bandes horizontales et verticales en découpe, avec des clous et des entrecroisements; . au deuxième étage, des tambours bossagés; . au troisième, guillochage de bandes découpées se croisant en losanges, et gaine à quatre feuilles; . au quatrième, des contre-cannelures et une gaine à chutes de feuillage; -sur les entablements, . au soubassement, une frise ornée de feuillage; . au premier étage, une frise de pointes de diamant alternant avec des disques; . au deuxième, une frise d'entrelacs avec rosace; . au troisième, une frise de postes; . au quatrième, une frise de méandres; . à l'entablement, des rosaces. -les niches, . au rez-de-chaussée, une niche ornée de coquilles St Jacques, un nœud de fruits accroché à un cuir enroulé dans les écoinçons; . au deuxième étage, un dais à couronne avec un entourage de bandes en relief au-dessus d'un socle orné d'un angelot aux ailes déployées; . au quatrième, deux palmes et une fleur de lys au-dessus d'une allège ornée d'une fleur de lys accolée de volutes. Les cartouches, les médaillons les écussons constituent d'autres éléments de décoration : - au premier étage, un cartouche en table saillante à encadrement clouté au-dessus d'une allège ornée d'un cabochon à bordures cloutées; - aux angles du deuxième étage, un médaillon bilobé à entourage de volutes et palmettes; - au troisième étage, des écussons elliptiques entourés de volutes et de rameaux de part et d'autre d'une feuille d'acanthe au-dessus d'une allège ornée de bandes; - au quatrième, un médaillon quadrilobé. Il faut noter encore des chapelets de perles et d'olives, de gouttes ou de larmes, des boutons, etc…la présence répétée d'angelots formant un décor exubérant qui rappelle les retables et tourelles eucharistiques du mobilier d'églises baroques plus récentes. Un décor architectural est à remarquer aussi pour la flèche centrale. Celle-ci comporte un tambour octogonal élancé en trois étages séparés par des entablements. Le dernier étage a ses faces ornées d'un cartouche aux armes de l'abbé Dubois sur ses quatre faces cardinales et aux armes de l'abbaye pour ses faces non-cardinales. Tout cette profusion ornementale jointe à l'effet de son décor d'architecture est celui alors en vogue dans les provinces des Pays-Bas restées espagnoles et catholiques. La restauration récente a permis de révéler en façade, dans les baies entre les piliers du frontispice, tout un décor insoupçonnable, en fausse perspective, qui avait été occulté probablement en cours de travaux, en constatant alors un besoin de consolidation de l'édifice. il évoque le Temple de Jérusalem et dont toutes les statues ont été décapitées, y compris celle du Christ.. C'est en quelque sorte la proclamation du dogme de la Présence réelle de Dieu, finalité essentielle de la façade.
Cette proclamation est affirmée par l'inscription située dans la frise de l'entablement du quatrième étage, à la partie tout à fait supérieure : Vere domine est in loco issu (en vérité la Seigneur est en ce lieu) citation tirée du songe de Jacob dans la Genèse. L'Eternel dans sa gloire Au panneau du haut de la face centrale, à cheval sur les troisième et quatrième étage, est représentée une vaste gloire circulaire (3 m de diamètre) abritant la statue de l'Eternel sur son trône de nuages, tenant le globe terrestre d'une main et bénissant de l'autre.
Sur le front de la voussure ont été sculptées une quarantaine de têtes d'angelots. Pour une raison mystérieuse, le globe terrestre est surmonté d'une croix dorée à l'or fin. A la base de la statue se trouvent deux inscriptions : sanctus en latin et alléluia (louez Dieu) en hébraïque. Les saints évangélisateurs et les grands personnages de l'abbaye Huit niches droites concaves, aux deuxième et quatrième étages de la Tour, abritent des statues de personnages que l'abbé Dubois a voulu glorifier. Au deuxième étage, les personnages sont placés sur un encorbellement orné d'un angelot encadré de deux écussons. Au quatrième, les entre-colonnes sont creusées d'une forme ovale encadrée de deux palmes sur les côtés et d'une fleur de lys; les personnages sont représentés à mi-corps avec leurs bras. Six niches contiennent un seul personnage, une en contient deux et une autre quatre.
St Amand A tout seigneur, tout honneur, au deuxième étage Nord. En tenue d'évêque du XVIIè siècle, il tient sa crosse et force le dragon à rentrer dans son trou, conformément à la légende. Gueule enroulée, tête de chien et corps ailé, le dragon est représenté ailleurs sur la Tour où l'on ne peut manquer de l'observer, lové en un grand serpent avec une gueule menaçante. St Martin Sur la face ouest, l' évêque de Tours, le saint le plus vénéré de la Gaule chrétienne, est représenté en habit monastique à manches amples. St Denis Il est facilement reconnaissable, en tenant selon la légende, après son supplice, sa tête à hauteur d'épaule; il est en habit d'évêque. St Benoît Le fondateur de l'ordre des Bénédictins occupe au quatrième étage la niche correspondant à celle de St Amand. En habit monastique, il porte une réplique de monastère. Les saints évangélisateurs de la Gaule, en lutte avec le paganisme, ont donc été représentés avec St Martin et St Denis, Les gloires locales représentées sont celles de l'abbaye de St Amand à l'époque de le "Renaissance carolingienne", c'est à dire l'époque où, après la construction de l'abbaye, St Amand devint un grand centre culturel auquel des rois de France confièrent l'éducation de leurs fils.
Milon et ses élèves.
Au quatrième étage sur la face Nord, est représenté Milon, poète, philosophe et historien du IXè siècle, tenant un livre sous son bras gauche. Derrière l'épaule de leur maître, deux têtes d'enfant attribuées aux fils jumeaux du roi Charles le Chauve, Dreux (ou Drogon) et Pépin, morts jeunes à St Amand. On discerne une troisième tête au-dessus de l'épaule de Milon, celle d'un adolescent, frère aîné des précédents: Carloman, lequel deviendra 26è abbé de St Amand.
Lothaire
Le sacristain, restaurateur de la bibliothèque de l'abbaye à l'époque carolingienne, est représenté assis, tenant un livre sur sa poitrine.
Hugbald
Au quatrième étage sur la face sud, est représenté l'une des gloires les plus illustres de l'abbaye : Hugbald (ou Hucbald),au savoir universel, poète, musicien, hagiographe et philosophe. Il est l'auteur des actes des martyrs Cyr et Julitte, dont l'évêque de Nevers lui remit les reliques en remerciement de ses services.
Sainte Julitte et saint Cyr
Martyre cappadocienne décapitée sous Dioclétien, empereur romain persécuteur des chrétiens, Julitte est représentée assise, vêtue d'un robe ample et coiffée d'une mantille. Elle porte son enfant, Cyr, également supplicié, tenant la palme du martyre.
L'abbé Dubois
Au niveau du soubassement (rez-de-chaussée), le sculpteur a représenté comme c'était la tradition dans une niche surmontée d'une coquille St Jacques,
- sur la face sud, les armoiries de l'abbé Dubois surmontées de la mitre et de la crosse et de la devise PACIFICE (soyez en paix).
- sur la face nord, celles de l'Abbaye de St Amand surmontées de la mitre et de la crosse,avec la devise FRATERNITATEM DILIGITE (oeuvrez à la fraternité).
Sur la porte principale, ce sont ces mêmes armoiries qui sont représentées.
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Mon exposé fut long, ma conclusion sera brève.
La Tour abbatiale a été édifiée en réaction contre l'austérité protestante. Elle témoigne d' un art baroque exubérant, bien caractéristique de la première moitié du XVIIè siècle. Son style architectural est marqué dans une sorte de revanche, par sa profusion ornementale.
Il est à l'opposé de ce que sera le classicisme du Grand Siècle fait d'ordre et de mesure..
Le programme iconographique fortement structuré à l'adresse des fidèles, tel que l'a voulu l'Abbé Dubois, n'est pas autre chose en définitive que la narration d'un catholicisme militant affirmant la puissance temporelle de l'abbaye, sa richesses, et celle de l'Eglise toute entière.
C'est peut-être ce qui a inspiré Prosper Mérimée formé aux disciplines de l'archéologie et de l'histoire, dans son jugement rapporté en introduction.
Bibliographie
1- C Lassure, Le programme du frontispice de la Tour abbatiale de St Amand-les-eaux
Conférence faite au Cercle archéologique et historique de St Amand le 4 10 1981
Etudes et recherches sur St Amand-les-eaux et sa région-Publication C Lassure 1980
2 - G Dassonville, Nicolas Dubois 75è Abbé de St Amand
Conférence faite au Cercle archéologique et historique de St Amand le 12 3 2010
3- J Desilve, Mémoires historiques sur l'arrondissement de Valenciennes - t VII 1899
Archives départementales du Nord
Dictionnaire des églises de France
G.érard Dassonville -Novembre 2011
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LUCIEN