Nos sources :suite des recherches de Paul FASSIAUX ,directeur de L'ECLAIR ,journal du dimanche 18 janvier 1948 en dépôt à "L'HISTORIAL AMANDINOIS"".
Nous avons vu comment était traîté le fer ,l'acier ,la fonte ,dans les laminoirs . Ces fabriques étaient chargées de livrer en matière première les chaîneries de SAINT-AMAND, ainsi que les clouteries .
1)LES CLOUTERIES
Le clou est une tige métallique pointue à un bout ,aplatie de l'autre.Il sert à fixer ou à suspendre( dictionnaire
Larousse).Son origine est assez lointaine .Un clou peut se présenter sous plusieurs formes ,rond ,carré .Il était ,autrefois ,fabriqué manuellement.De nos jours ,les clouteries sont
équipées de machines performantes. Ici des vieux clous retrouvés lors de fouilles ,ils servaient à ferrer les chevaux.
Le travail du fer qui allait constituer, après la Révolution, l?une des activités les plus importantes de notre région, nétait que fort peu développé au XVIIIème siècle. Si l'on excepte les ferronniers, chaudronniers et maréchaux-ferrants que l'on rencontre dans chaque centre urbain, on ne peut citer que deux ou trois artisans qui forgent des clous destinés aux chantiers de construction de bateaux. L'implantation de cette industrie était rendue difficile, malgré l'existence de débouchés et la proximité des sources d?énergie, par la concurrence de la clouterie royale de Marly et surtout par la politique du conseil du Roi qui, pour lutter contre l'introduction frauduleuse des clous en provenance du pays de Liège, interdit l'installation de clouteries dans une zone de deux lieues en bordure des frontières. En 1745, le droit d?entrée sur les clous est multiplié par trois. La fraude s'accroît alors et les clous étrangers sont amenés jusqu?à des forges fictives installées à proximité de la frontière, puis revendus ensuite comme ayant été façonnés dans le pays.
Vers 1810, un maître « bacqueteux » Ferdinand DERVAUX contrôle quelques artisans. En fait, à cette époque, il ne s'agit pas encore d'une usine mais d?un coron de maisons. A l'intérieur de celles-ci est installée, au rez-de-chaussée, une forge individuelle avec son foyer, son soufflet et son enclume.
C?est en 1828 que ces artisans sont regroupés dans un atelier collectif et poursuivent les mêmes travaux. Toutefois, l'énergie nécessaire pour actionner les premières machines est fournie par un manège de ... boeufs. Ceux-ci laissent vite la place à une locomotive, puis à une installation électrique. Celle-ci transmet le mouvement à l'aide d'une forêt de courroie et de poulies.
http://www.astrosurf.com/astrolynx/fabclous.html (découvert par Michel JORION)
A la fin du XVII ème siècle ,SAINT AMAND comptait cinq maréchaux ferrants qui forgeaient eux même les clous à ferrer dont ils avaient besoin. C'étaient :Jean François BOULY, Jean Baptiste DUSSART dit "VILLARS",Denis ERONDART, Joseph GARIN et A.HELLIN. Deux personnes fabriquaient des clous: Antoine BOULY et Archange DUFRENOY. Dans le travail du fer,nous trouvons deux serruriers :B... et DE ST JEAN.
Les premiers qui se spécialisèrent dans la fabrication des clous furent les BRIGODE et les CARLIER. Bien avant la révolution,les BRIGODE fabriquaient des "CARVELLE",des "NELS ou NAILLE" ,des "PIQUETTES",etc...pour les deux chantiers de construction de bateaux qui devaient être continués par LEBLANC et SENNELAR. (je n'ai pas découvert sur Internet ou ailleurs à quoi pouvait correspondre des des nels ou naille et des piquettes (ici il ne s'agit pas d'un vin).Si vous trouvez la signification de ces mots ,faites moi signe ,Lucien)
Michel JORION généalogiste amateur a trouvé la signification des
"carvelles": Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre :La carvelle est une sorte de gros clou de section carrée et de forme conique sur sa longueur ;
elle est généralement utilisée en construction navale pour l'assemblage des bordés sur les membrures.Elle peut être en cuivre ou en acier galvanisé.Récupérée de « http://fr.wikipedia.org/wiki/Carvelle »Catégories:
Construction
navale
Les BRIGODE étaient installés rue d'Estrelle (rue de Condé,rue Louise de BETTIGNIES de nos jours), presque en face du chemin du Marisson ,débouchant sur la chapelle ST ROCH.
Les "CARLIER"installés au 28 rue de l'Ancienne Poste fabriquaient des clous et des petites chaînes avec du vieux fer qui provenait des armatures des anciennes fenêtres. Ils faisaient des clous à ardoises et des "boschettes" (??)dont ils abandonnèrent la fabrication avant la Révolution. Au début du XIX ème siècle ,il y eut un certain "GODRY" ,quincailler rue d'Orchies .Il installa deux forges dans son jardin qui communiquait ,par une ruelle ,avec la rue de la Longuesaux.L'hiver ,il occupait 12 ouvriers qui ,l'été,partaient faire des briques.
Outre les clous carrés pour les péniches,les fabricants Amandinois produisaient des des clous de palissage vendus aux Horticulteurs de MONTREUIL-SUR-BOIS. Les cloutiers mirent logntemps à s'adjoindre à la fabrication des chaînes.
Le "Château MALPAIX" contenait une clouterie appartenant à ses propriétaires Hubet DIDA-DESCAMPS dit "Mamilotte" et Nuez DESCAMPS dit "Midar" qui ,avec dix forges ,furent les premiers à se faire une spécialité avec la chaîne.
David QUENEHERVE , lors de ses recherches aux Archives Départementales ,à LILLE , a noté que cette propriété appartenait à mademoiselle Julie DESCAMPS, propriétaire, au début du 19e siècle. Vers 1807, les hospice s civils envisagent de l'acquérir et le projet est abandonné vers 1814. Dans un acte notarié du début du 19e consulté aux AD, se trouvait des clés rouillées de la propriété.Dans une note :Acte de justice de paix du 11 octobre 1810 a comparu le sieur Jean François DESCAMPS, jardinier et cultivateur demeurant rue du Prévost maison ditre Château Malpaix .On peut donc affirmer que le Château était situé rue du Prévost à ST AMAND LES EAUX
LES
CHAINERIES
Le Préfet DIEUDONNE,dans son annuaire de l'an XII(1804) ,déclare qu'il y avait à MARLY-LEZ-VALENCIENNES ,une fabrique de chaînes occupant avec 54 forges 250 ouvriers . L'affaire datait de 1737 .Pendant la Révolution ,la fabrication ralentit.Puis à l'investissement de Valenciennes ,l'ennemi met le feu à l'usine qui ne fut jamais reconstruit. Le même annuaire cite encore une affaire similaire à MAUBEUGE;l'on parle alors de 300 ouvriers . Une autre encore à LANDRECIES avec 9 ouvriers et quelques clouteries à DOUAI,CAMBRAI,LILLE,DUNKERQUE. l'annuaire est muet au sujet de ST AMAND , où la fabrication des chaînes semble dûe à l'arrivée d'ouvriers spécialisés :Anglais et Belges,au début du XIXème siècle.( en 1948,le journaliste Paul FASSIAUX assure qu'il reste ,parmi les châineurs ,des descendants de ces premiers pionniers )
Pour occuper les ""sans travail"" ( on ne parle pas de chômeur ou de demandeur d'emploi ,à cette époque) et pour former des chaîneurs amandinois , DESSEPRINGALLE Lescailliez ,conseiller d'arrondissement que l'on avait surnomé le "maire philosophe",eut l'idée ,en 1828, de faire donner des leçons à une centaine de jeunes amandinois par les ouvriers étrangers. Ces derniers recevaient 13 francs par apprenti qui savait forger des clous. Plus tard ,la Municipalité exigea que les "Maîtres"cloutiers conservent leurs élèves aprés la "production "du "chef d'oeuvre" qui devait être déposé chez M.DUMOULIN receveur rue d'Orchies.Cette mesure était faite pour éviter des abus amenant la désertion des ateliers par les jeunesgens qui préféraient s'inscrire chez Louis BROUTIN pour haler ,à leurs tours respectifs les péniches de MORTAGNE au fort de Scarpe.
Internet;des haleurs de
bateaux (photo volontairement réduite)
Les premièrs chaîneurs étaient installés rue du Marillon,beaucoup travaillaient à domicile . Leur atelier constituait ,parfois ,la pièce principale et quelques fois même leur lit était installé au dessus du soufflet.
(Photo Internet: musee.marechalerie. Le travail à domicile : le
chaîneur allait au début de la semaine chercher le fer et le charbon chez l'usinier et il rapportait ,quelques jours plus tard,les chaînes fabriquées.
Soufflet de forge : photos aimablement adressées par Delphine BOURSELOT responsable du chantier médiéval ""Guedelon"",site: www.guedelon.fr
Ci-dessus, une reconstitution d'une forge au siège de L'HISTORIAL AMANDINOIS (photo :lucien le 05/09/2007)
Le premier chaîneur qui installa une usine fut ,semble t'il , Mabille GILLON .Il aurait commencé vers 1815. Mais l'autorisation de monter sa fabrique remonte en 1828(notes de Paul FASSIAUX). Il avait deux forges en face de la distillerie VANAUTREVE-DAVAINE,rue Davaine.Il occupait 50 ouvriers. Nous relevons ensuite (Paul FASSIAUX) les autorisations suivantes: Etienne M ABOTTE ,autorisation en date du 28 février 1821. FLEURY le 25 février 1821; François LENGLE du 29 juin 1826; Hubert DIDOT-DESCAMPS du 26 janvier 1826 ,Séraphin Louis DESPRET du 23 juin 1826 ; La Ve MIROUX & TISON en 1828; Antoine GODRY-ROSELEUX le 29 janvier 1829 ;NENEZ rue du Marillon en 1829 ;DESCOURIERES-BOUCHART ,qui avait une tannerie rue Davaine ,installa en face de chez lui (autorisation de 1828)une clouterie donnant également sur la rue du Grand Repas ,face au Château MALPAIX.
DESPRE ET LENGLE étaient installé rue du Marillon ,à l'emplacement où se développera ,plus tard,la chaînerie PLICHON. Ce dernier possèdait également des petis ateliers à la Bruyère et au Moulin des Loups. Il était le fils d'un cultivateur .Il possèdait également une clouterie à CHARLEVILLE qui fut vendue en 1850. La chaînerie PLICHON de ST AMAND fut vendue à César et SIROT WAGRET de TRITH ST LEGER,frère de Jules SIROT (fondateur des Forges et Laminoirs).L'affaire fut repris ,en 1883,par un certain ISNARD,elle avait 39 ouvriers en 1896 et son Directeur était Oscar VILLERS, puis Mathieu VIVIN l'a racheta en 1905 ,il l'exploita sous la firme ""VIVIN et PIERANS"", puis "VIVIN-VITAL". En 1912,la châinerie fusiona avec ""LES NOUVELLES CHAINERIES DU NORD"" et l'immeuble de la rue du Marillon fut cédé aux literies de Lecelles.
Internet:une chaîne et ses maillons.En 1835,ce
fut Hyacynthe DAVAINE qui créa une chaînerie sur la place Gambetta ,puis la transféré rue Gambette, où, de nos jours , il reste quelques bâtiments et la résidence des
descendants. (1)
Charles DOREMIEUX ,quincailler à LILLE ,rue du Priez ,membre du conseil municipal et administrateur des Hospices de LILLE ,s'asocia avec TISON ,ancien employé de la maison VASSEUR, fabricant à la "Bleuse Borne "(ANZIN) des clous ,des chaînes et des creusets (Ici un creuset contenant du métal en fusion)Ils s'étaient adjoints MAGHE ,un excellent forgeron venant aussi des établissements VASSEUR. Ils rachetèrent le château MALPAIX ,qu'ils devaient par la suite démolir ,puis installèrent des forges pour fabriquer des chaînes ,des enclumes, des étaux et des creusets dont les plus importants approchaient les 500kg.
Photos: INTERNET:un creuset contenant du métal en fusion,une enclume et un étau. Aprés trois années d'association ,TISON se retira et DOREMIEUX Charles s'associa avec son frère Louis ,en 1835 l'établissement compte 300 ouvriers. La fabrication manuelle des clous diminua avec l'apparition des machines qui fabriquaient mécaniquement les clous. Les DOREMIEUX s'orientèrent de plus en plus vers la fabrication des chaînes.
Un parent des DOREMIEUX,Louis , avait aussi une fabrique rue de Condé ,qui fut cédé par la suite à Edmond et Albert BOULOGNE. l'affaire fut vendue à Armand BAUDUIN ,puis à Victor LEMAY qui avait 50 ouvriers en 1896. A sa mort ,vers 1930,la chaînerie devient la propriété des Anciens Etablissements LEMAY. De 1835 à 1850 ,on trouve encore les autorisations suivantes: DESCAMPS-SERGENT à la Bruyère (18/11/1835) ,Charles Simon NAVETEUR (01/11/1836), Alexandre MERCIER au Thumelart (13/01/1837), PRESEAUX à la Bruyère (03/10/1837) ;Louis Clabaut rue du Marillon (31/08/1838), THURIN à la Bruyère (09/11/1839), DESCAMPS-SALEMBIER à la Bruyère (01/03/1843) ,MENART- LE QUEUEX(11/07/1845), Henri MORIVAL à la Croisette (09/08/1850) .
Selon une statistique ,en 1830 il y a 143 personnes ,dont 10 femmes ,occupées à travailler la
chaîne à ST AMAND; en 1855 ,on trouve 7 usines travaillant le fer , et occupant alors 412 ouvriers. En 1860,il semble qu'une crise affecte les chaîneries ,car on ne trouve plus que 243 ouvriers
et en 1875 :270 ouvriers . Pourtant les outils s'améliorent et la marine est trés demandeuse de chaînes .Cette marine se développe grâce à l'ouverture du Canal de Suez ,la batellerie et les
chantiers de constructions de bâteaux sont prospères.Les chaîneurs de ST AMAND abandonnent définitivement la fabrication des clous forgés. Photo Internet:le canal de SUEZ
A la fin du XIXe siècle ,de nouvelles usines s'implantent à ST AMAND; MEANS,un lillois,en 1846 ,ouvre une chaînerie sur la place , à gauche de la rue des Anges.A la même époque MALINGRE dirige 4 forges à clous,l'affaire ne dure que 3 ans. L'entreprise de M.EmileQUINEZ au faubourg d'Orchies .Vers 1930,par suite de la création du nouveaj pont ,l'usine fut déplacée de l'autre côté de la rue et devient la "Chaînerie Société DESCARPENTRIES Frères". M.LENGLE ,à la "Croix du Petit Dieu" fabriqua des chaînes ,puis transfèra son affaire à FRESNES/ESCAUT. En 1912, MM.BAUDET,H.CORDONNIER,C.LESAGE,C.BEAUREPAIRE et C.LEFEBVRE fondèrent au Faubourg d'Orchies ,la Sté des Nouvelles Chaînes du Nord, qui fusionna par la suite avec les Etablissements VIVIN .La chaînerie Armand BAUDUIN fut reprise par MM.BAUDUIN & BONNET ,elle était installée prés du Moulin Blanc. MM.FARDON et GALOIS s'installèrent à la Croix du Petit Dieu. Vers 1918,M.CHOQUET ,associé avec M.HUGUES de Rumegies eurent une chaînerie rue du Plat à l'eau(???).Il eut également la manufacture des Ets SIROT-MESTREIT ,près du passage supérieur de la route de Lille ,elle fusionna avec les Ets.DOREMIEUX.(1)
(1) Dans notre prochain article ,nous traiterons cette chaînerie ,ainsi que celle de la famille DAVAINE et CARLIER qui est la dernière chaînerie encore existante à SAINT-AMAND-LES-EAUX.Nous parlerons d'une chaîne qui fut célèbre en son temps, mais aussi de chaînes qui eurent triste réputation.
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